Nouvel Observateur Permanent du Saint Siège auprès de l’Unesco- 10 mai 2022
Article lié : Lancement des actes de notre Forum
S’adressant aux ONG du CCIC après avoir écouté leurs témoignages (voir par ailleurs la synthèse de cet échange) , Mgr Soviguidi a développé son propos autour de réflexions en lien avec les ONG, l’Eglise et l’Unesco en montrant comment les valeurs et les rôles des uns et des autres peuvent se combiner pour un enrichissement mutuel.
D’abord, Mgr Soviguidi a voulu dire combien les témoignages entendus l’avaient touché avec toute l’énergie que déploient les ONG et les valeurs qui les inspirent.
Puis il a poursuivi en faisant référence au discours que Sant Jean Paul II avait tenu devant l’Unesco en juin 1980, un discours où il avait insisté sur les dimensions fondamentales de l’humain, à la fois matérielles et spirituelles. Cette double importance pour l’être humain se trouve bien promue par les ONG, qui par leurs actions mettent aussi en exergue, un peu comme un complément, une troisième dimension, essentielle elle-aussi, la dimension sociale, tant il est vrai que toute personne ne peut trouver sa pleine valeur que dans sa relation à l’autre, dans la société, une relation, nous dit Mgr Soviguidi, qui doit prendre appui sur les vertus de la charité, la fraternité et l’amour.
Parlant de l’Eglise, et reprenant les messages du Pape François, en particulier son discours au Forum des ONG d’inspiration catholiques réunies à Rome en 2019 , il rappelle qu’au-delà du Magistère, sa mission est d’être pleinement dans le Monde, et d’assurer cette présence au Monde avec les laïcs, comme acteurs individuels ou membres d’associations engagées au service des autres comme le sont les ONG. L’encyclique Gaudium et Spes développait la même idée.
Face aux transformations majeures partout à l’œuvre et aux défis de l’époque, partout se fait sentir un immense besoin de ressources humaines expertes en « tout » (anthropologie, éthique, humanités…), des experts « expérimentés », pour être à la fois présents dans les débats (le monde des idées) et sur le terrain. L’Eglise a ce souci, notamment pour ce qui est des réflexions avec l’académie pontificale à Rome, partageant ainsi les mêmes préoccupations que l’Unesco qui est à la fois un laboratoire d’idées et un acteur de terrain.
S’agissant des aspects concrets de mise en œuvre, l’Unesco doit pouvoir compter sur les ONG car elles sont à l’écoute des gens avec pour objectif de les servir.
Toujours sur le thème des actions, mais ici au titre d’une observation valant pour toutes organisations internationales, Mgr Soviguidi a évoqué le risque d’instrumentalisation si des financements sont attribués avec une conditionnalité obéissant à des critères idéologiques imposés par des groupes de pression influents ; cette « colonisation idéologique », expression donnée par le Pape François, doit être dénoncée parce qu’elle provoque des conflits préjudiciables pour tous et singulièrement pour les personnes qui ont besoin d’aide.
Parmi les grands sujets auxquels l’Eglise comme l’Unesco accorde une grande attention figure l’Education, et sur ce point, a été rappelée toute l’importance accordée par le Saint Père au pacte pour l’Education et les valeurs qu’il promeut (protection de la maison commune, la solidarité, l’accueil etc). La Directrice Générale de l’Unesco s’y est montrée intéressée lors de l’inauguration d’une chaire Unesco (consacrée au Développement Durable) intégrée à Rome au sein de l’académie pontificale
Pour conclure son propos, Mgr Soviguidi s’est adressé à son auditoire de représentants d’ONG en les invitant à toujours défendre leur identité, mais à le faire avec une grande ouverture à l’échange. Pour sa part, il exprime le souhait de rencontres régulières avec les ONG du CCIC pour les entendre sur ce qu’elles font, en lien notamment avec les Objectifs du Développement Durable du champ d’action de l’Unesco. Il pourra être porteur d’informations sur elles auprès du Saint Siège et faire connaitre ce que font les ONG d’inspiration catholique auprès de l’Unesco.